Parole de pro : « Il faut dédramatiser le BIM »

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« Dans 5 ou 10 ans, on utilisera le BIM aussi naturellement que l’email »
J. Benoit, groupe Legendre

Le BIM, tout le monde en parle. Mais certains promoteurs y vont à reculons, car la maquette numérique reste synonyme d’investissements et de conduite du changement. Pour Julien Benoît, « BIM evangelist » au sein du groupe Legendre, cette nouvelle manière de travailler deviendra bientôt la norme… mais suscite beaucoup fantasmes.

Quel est votre rôle chez Legendre ?

J.B. : Je suis arrivé dans le groupe en 2014 ; j’avais commencé à utiliser la maquette numérique deux ans auparavant avec le logiciel Revit, pour faire des méthodes d’exécution sur les chantiers, pour Bouygues Construction. J’étais un des rares à m’accrocher au sujet à l’époque. Aujourd’hui, mon rôle chez Legendre est d’instaurer et développer les usages en lien avec la maquette numérique. Je travaille avec une équipe de 10 personnes. Je suis là pour mettre de l’huile dans les rouages ; faire en sorte que cela fonctionne avec notre écosystème. Et dédramatiser ! Beaucoup de bureaux d’études font leur beurre avec le BIM ; ils complexifient la démarche pour se rendre indispensables. En réalité, si l’on prend les choses par le bon bout, cela peut être relativement simple.

Quels types de projets Legendre Immobilier développe-t-il en BIM ?

J.B. :Sur tous ses projets majeurs, Legendre Immobilier impose désormais un développement sur maquette numérique auprès des sous-traitants et des co-traitants. Plusieurs projets qui sont en train de sortir de terre, comme le centre de recherche d’Orange à Cesson-Sévigné ou l’extension de l’hôpital de Rennes.

Quels sont les conditions de réussite d’un projet BIM ?

J.B. :Toutes les parties prenantes doivent posséder la technologie. Quand certains ne sont pas équipés, c’est compliqué, car il faut saisir à leur place sur la maquette numérique. L’avantage, en promotion immobilière, c’est que l’on peut imposer le BIM aux sous-traitants. Beaucoup d’entreprises ont eu besoin d’une contrainte contractuelle pour mettre le pied à l’étrier. Avec mon équipe, nous avons formé les bureaux d’études qui sont partenaires sur nos projets.

Quelle est la valeur ajoutée du BIM pour un promoteur ?

J.B. :Le BIM en tant que tel, cela ne sert à rien. L’intérêt de la démarche, c’est de mieux développer nos projets. Nous avons une grande marge de progression ; notre industrie ne fait pas beaucoup mieux que depuis le temps des cathédrales. Nos outils se sont modernisés certes, mais le process reste le même. Or, pour la première fois, le BIM change la donne et nous permet de travailler de manière plus intelligente et plus efficace. On ne gagne pas d’argent, mais on gagne en qualité.

Le BIM va-t-il rester l’apanage de quelques experts ?

J.B. :Le BIM va devenir la manière de travailler la plus courante dans nos métiers. Pour l’instant, il y a encore un grand gap entre les experts et ceux qui n’y connaissent rien. Dans quelques années, tout le monde sera formé. Il y aura différents niveaux d’expertise, mais la maquette sera totalement intégrée dans les logiciels. Au départ, les patrons faisaient taper leurs emails par leurs secrétaires. Aujourd’hui, personne n’a besoin d’un ʺEmail Managerʺ. Le rôle de BIM Manager disparaîtra tôt ou tard. Dans 5 ou 10 ans, on utilisera le BIM aussi naturellement que l’email ; sans s’en rendre compte.

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