Les objets connectés, on en parle depuis des années dans l’immobilier neuf, avec des tentatives plus ou moins réussies et rentables. Mais la révolution de l’IoT (Internet of Things) est en train de changer la donne : la prospective devient réalité et les initiatives, jusque-là isolées ou expérimentales, sont vouées à se démocratiser. Tous les grands promoteurs s’emparent du sujet. Diego Harari, Directeur Innovation de Vinci Immobilier nous parle de ses projets en cours en matière de « smart home ».
Côté objets connectés, où en est-on en 2017 ?
Jusque-là, nous faisions du logement connecté avec des anciennes versions de la domotique industrielle. Les protocoles étaient compliqués, tout était filaire, les coûts de paramétrage étaient importants, etc. Nous étions face à une contradiction : la mise en place coûtait très cher alors que la proposition de valeur pour nos clients était faible. Sans compter que les objets n’étaient pas du tout évolutifs. Dès lors qu’un client voulait rajouter un volet roulant au système, par exemple, il fallait faire appel à un domoticien, tirer des câbles, reparamétrer, etc. Avec l’internet des objets, nous sommes en train de vivre une révolution. La barrière du prix à l’entrée est en train de tomber. La complexité des protocoles a laissé place à l’interopérabilité. Les habitants ont envie de service : ils veulent pouvoir appuyer sur un seul et même bouton pour fermer les volets, éteindre les lumières et baisser le chauffage. Des standards sont en train de s’imposer.
Concrètement, que proposez-vous dans vos programmes ?
Nous sommes en train de développer deux offres en parallèle. Une première est fondée sur une démarche d’open innovation, avec Legrand, Ista [qui commercialise des compteurs d’eau individuels pour les copropriétés] et le Hub numérique de La Poste. Nous testons cette offre sur un programme pilote de 78 logements situé à Blagnac dont la première tranche sera livrée en décembre prochain. Nos clients pourront suivre leur consommation d’eau en direct sans attendre les relevés de charges.
Nous travaillons aussi avec la start-up SmartHab, qui propose une solution intégrale. Ils fournissent une box domotique multi-protocoles, recommandent un parc d’objets connectés dont ils assurent eux-mêmes la mise en place sur les chantiers – et portent la garantie et le service client. Autrement dit, c’est une offre clé en main dédiée au monde de la promotion immobilière. Vinci Immobilier vient d’ailleurs de prendre une participation minoritaire au capital de SmartHab.
Ces objets connectés resteront-ils l’apanage des biens de standing ?
Avec l’internet des objets, l’équation coût / valeur client devient viable… ce qui n’était pas le cas avant. Nous avons plusieurs niveaux de gammes de logements chez Vinci Immobilier. Si nos projets pilotes sont concluants, nous envisageons d’intégrer par défaut une offre de logement connecté sur tous nos programmes des gammes supérieures commercialisés à partir du second semestre 2018. Cela restera en option pour les autres gammes. A confirmer en milieu d’année prochaine sur la base des premiers retours d’expérience.
Pour autant, est-ce que cela répond déjà à une vraie demande client ?
Sur les résidences principales, oui, on voit clairement l’appétence commerciale. Les acquéreurs sont séduits. Sur les publics d’investisseurs type Pinel, c’est moins évident. Ils ne vivent pas dans le logement ; ne se disent pas qu’ils pourront louer plus cher ou plus vite avec des objets connectés… ce n’est jamais un frein, mais ce n’est pas encore un levier.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Au-delà des scénario inter-objets, nous allons entrer dans un monde de services opérés par des prestataires externes : télésurveillance, veille de personnes âgées, optimisation énergétique… Demain, nous pourrons souscrire des services sur une plateforme commune, sur le même principe que les applications mobiles aujourd’hui. On peut par exemple imaginer que les offres d’assurance habitat seront moins chères si un appartement est monitoré par un système qui détecte les fuites et peut couper l’arrivée d’eau, limitant ainsi les risques de dégât des eaux.