La campagne pour les élections municipales 2020 est maintenant lancée à Paris comme dans toutes les communes de France. Bien qu’elle n’arrive seulement qu’en sixième position dans la liste des préoccupations des Parisiens, la thématique du logement tient une place importante dans les projets de mandats des candidats. Difficile pourtant de trouver des leviers efficaces dans ce secteur déjà ultra encadré. Voici un panorama des propositions des principaux candidats au fauteuil de maire.
Benjamin Griveaux veut aider les ménages à acheter intramuros
Le candidat de la République en marche, aujourd’hui remplacé par Agnès Buzyn, souhaitait s’attaquer au problème de l’accession à la propriété dans Paris intramuros. Le prix moyen au m² y dépasse en effet les 10 000 €, interdisant tout achat immobilier à de nombreux ménages, notamment des classes moyennes.
Un organisme spécialement créé pourra apporter jusqu’à 100 000 € pour financer l’achat d’une résidence principale. Lors de la revente, la Ville de Paris prendra à sa charge une part de la plus-value, à hauteur de 20 % maximum du prix du bien. Benjamin Griveaux espère ainsi acquérir 20 000 logements, financés à la fois par le budget communal (700 millions d’euros) et le secteur privé (1,3 milliard d’euros). Vous devriez donc pouvoir de nouveau répondre à la demande toujours importante de potentiels acquéreurs de biens en intramuros.
Autre proposition phare : mettre l’accent sur le logement intermédiaire, dont les loyers sont inférieurs de 10 à 15 % à ceux du marché, en puisant sur les 500 millions d’euros annuels consacrés au logement social. L’ancien porte-parole du gouvernement souhaite également que la ville puisse louer les logements vacants aux propriétaires réticents, afin de les sous-louer aux classes moyennes : de quoi relancer par ailleurs l’offre de biens à louer pour les professionnels de l’immobilier.
Dernière mesure envisagée : un moratoire sur les travaux dans Paris intramuros. Les 7 000 chantiers en cours seraient suspendus jusque fin 2020 (hormis impératifs de sécurité) afin de « redonner du calme aux Parisiens » selon Benjamin Griveaux. L’objectif est aussi de réunir autour de la table tous les acteurs, ville, concessionnaires, riverains, commerçants pour harmoniser les calendriers d’interventions. La suspension des travaux pourrait retarder la livraison de logements en cours de construction et, de fait, ralentir la conclusion d’actes de vente.
Anne Hidalgo met Paris au vert
En matière d’urbanisme, la candidate sortante entend mener un « chantier de végétalisation massive » à travers des forêts urbaines et des rues piétonnes végétales. De grands espaces boisés pourraient ainsi voir le jour derrière l’opéra Garnier, devant l’Hôtel de Ville, au pied de la tour Montparnasse ou gare de Lyon. Parallèlement, des mini-forêts d’une trentaine d’arbres et de pelouse seraient aménagées dans chaque arrondissement sur des parcelles de 200 m².
L’objectif : planter 170 000 arbres pendant son mandat, en ayant également recours au parrainage (un arbre planté pour chaque naissance). Elle souhaite en outre faire reculer le bitume sur les quais de Seine, créer de nouveaux parcs et deux potagers urbains dans les bois de Vincennes et Boulogne. Ces améliorations du cadre de vie vous donneront des arguments supplémentaires pour convaincre de potentiels acquéreurs de biens dans ces quartiers.
Côté logement, la candidate PS veut produire plus de logements abordables en mobilisant vingt milliards d’euros. Les appartements produits seraient ensuite loués 20 % moins cher par la ville. Une « société immobilière pour le logement abordable » associera fonds publics et la Caisse des dépôts, mais aussi des investisseurs privés dont vous pourrez faire partie.
Réformer la propriété foncière pour rendre l’accession abordable
Pour permettre au plus grand nombre d’accéder à la propriété, la Ville de Paris envisage de séparer la propriété du foncier de celle du bâti. Les acquéreurs achètent les murs, mais le terrain fait l’objet d’un bail de 99 ans. Ce montage devrait permettre de diviser les coûts d’accession par deux sur des projets qualitatifs : des perspectives très intéressantes en matière de promotion immobilière.
Autre enjeu pour Anne Hidalgo : veiller à la bonne répartition des logements sociaux dans les différents arrondissements, le quota des 25 % imposé par la loi SRU devant être atteint d’ici 2025 (il est de 22,6 % en 2020).
Enfin, elle souhaite s’attaquer de front aux plateformes de location saisonnière (type Airbnb) afin de limiter les meublés touristiques dans les arrondissements centraux. Son objectif : remettre sur le marché classique 30 000 logements. De quoi répondre à la demande de vos clients à la recherche d’une location permanente à Paris.
Rachida Dati met l’accent sur la sécurité et la famille
Si Rachida Dati (Les Républicains) a axé son programme sur la sécurité, en matière de logement, elle vise les classes moyennes. Elle souhaite multiplier par trois le nombre de logements sociaux qui leur seraient proposés, mais avant tout, elle estime nécessaire de restaurer le parc existant. Elle s’engage à créer le dispositif « Paris d’Avenir » destiné aux familles qui veulent s’installer ou s’agrandir. Une aide financière de 1200 € sur trois ans serait ainsi destinée à couvrir notamment les frais de déménagement et d’installation.
Elle souhaite également reconvertir des bureaux vides en appartements, à raison de 1 500 par an et limiter à 30 % le quota de logements sociaux par quartier. Concernant l’accession à la propriété, Rachida Dati propose de la relancer en vendant une partie du parc social. Là encore, des opportunités d’opérations immobilières intéressantes pourront se présenter pour trouver des acquéreurs à ces logements.
Cédric Villani : construire là où c’est possible
L’ex-candidat de la République en marche Cédric Villani veut accélérer la construction de logements neufs en proche couronne où du foncier est encore disponible, ce qui présagerait de belles perspectives de nouvelles opérations immobilières. Il souhaite également améliorer l’efficacité énergétique de 40 000 logements chaque année et encadrer les loyers du privé. Les résidences secondaires seraient surtaxées et la durée de location saisonnière limitée à 60 jours par an.
David Belliard veut sortir Paris du béton
De son côté, l’écologiste David Belliard veut également transformer les 500 000 m² de bureaux vides en logements à destination des classes moyennes et défavorisées, tout en bloquant les loyers pour cinq ans. Une mesure qui remettra sur le marché immobilier de nombreux appartements à louer ou à acquérir. Le credo du candidat : sortir Paris du béton, le libérer de la voiture et lutter contre la cherté. Il souhaite lui aussi créer des logements dans chaque espace vacant.
Serge Federbusch (RN) et Danielle Simonnet (LFI) en lutte contre la spéculation
Le libéral Serge Federbusch, soutenu par le Rassemblement national, veut permettre aux locataires sociaux d’acheter leur logement au prix du loyer, via notamment une convention entre la ville et les banques pour proposer des financements à long terme. Lui aussi espère transformer en logements les bureaux vides et surfaces commerciales vacantes. Son idée : baisser les droits de mutation et accorder des exonérations, des facilités qui devraient inciter les propriétaires à s’adresser à vous pour mettre en vente de tels biens.
Quant à Danielle Simonnet pour la France insoumise, elle se montre très offensive sur le domaine du logement : taxation des transactions immobilières et des résidences secondaires, droit de préemption renforcé, encadrement de l’activité des promoteurs et des prix de sortie, création de 12 000 logements sociaux par an. Elle prône également l’augmentation de logements d’urgence et une production accrue de logements ouverts à l’accession aidée (PLAI et PLUS). Ces mesures drastiques pourraient ralentir votre activité, car les transactions immobilières sont rendues plus difficiles et encadrées.
Sans surprise, l’accession à la propriété de la classe moyenne et l’accès aux logements sociaux pour les plus modestes figurent parmi les mesures phare des différents candidats. L’objectif partagé est de freiner la hausse des prix, pour mieux répondre à la demande qui reste très importante. La plupart des mesures proposées par les candidats devraient relancer le marché des transactions immobilières en remettant sur le marché des biens à acheter ou à louer. Une bonne nouvelle