Face aux exigences de protection des terres agricoles ou naturelles et du patrimoine architectural existant, l’exploitation du sous-sol reste la seule solution pour obtenir les m² nécessaires à de nouveaux projets urbains. Sous-exploité, le sous-sol parisien pourrait bien devenir la prochaine mine d’or des promoteurs.
Exploiter les sous-sols : un concept validé
Initié par la Ville de Paris, l’appel à projet « Réinventer Paris » vise à promouvoir les solutions architecturales et urbanistiques innovantes. Le second volet de cette opération vient d’être lancé et s’intitule « Les dessous de Paris ». Une invitation claire aux architectes et promoteurs immobiliers à s’intéresser au potentiel du sous-sol parisien au travers de 34 sites sélectionnés pour leur disponibilité. Dans les prochaines années, suivrez-vous peut être vous-même l’exemple de Montréal. La ville québécoise a su si bien exploiter ses sous-sols, que son centre-ville est aujourd’hui aussi étendu sous terre qu’en surface. D’autres villes comme Singapour, Hongkong ou Helsinki ont suivi la même voie avec succès. Voilà donc un concept parfaitement validé qui permettrait à Paris, souvent qualifiée de plus belle ville du monde, d’éviter les constructions en hauteur et de conserver son charme légendaire. Les surfaces agricoles et naturelles, elles, pourront éviter un étalement supplémentaire souvent synonyme de bétonisation.
e réseau piétonnier souterrain de Montréal
Créé à partir de 1962, la ville souterraine de Montréal offre 3,6 km² utiles répartis dans 32 km linéaires de tunnels soit 80% de l’espace bureau et 35% de l’espace commercial du quartier concerné. Près de 500.000 personnes empruntent chaque jour un des 120 points d’accès de cet univers souterrain qui comprend des sièges sociaux, des banques, des centres commerciaux et même des hôtels.
Le potentiel parisien
Savez-vous que le sous-sol parisien regorge aujourd’hui de surfaces inexploitées ? Qu’il s’agisse de parkings souterrains abandonnés, de gares ou de stations de métro désaffectées ou bien encore de tunnels inutilisés, le potentiel est là et ne demande qu’à être exploité. Les promoteurs trouveront dans les 34 sites sélectionnés par la ville de Paris de quoi nourrir de nombreux types de projets, notamment en matière d’espace de travail ou commercial. Le chantier de la Canopée des Halles en plein centre de Paris tout comme celui de la gare ferroviaire sous le CNIT de La Défense illustrent à la perfection l’utilisation possible de cette ressource urbaine souterraine. Néanmoins cette dernière à Paris ne s’arrête pas aux quelques exemples évoqués ou à la liste du projet « Réinventer Paris ». De sa longue histoire, la capitale a hérité d’immenses carrières souterraines ou de centaines d’abris anti-aériens. Véritable gruyère, le sous-sol parisien pourrait vite valoir de l’or pour les promoteurs qui oseront s’y intéresser.
la mode du sousplex
Face à la raréfaction de l’offre de logement dans Paris, de nombreux propriétaires ont franchi le pas et aménagé des sousplex. Un logement sur 2 niveaux dans lequel l’étage supérieur est au rez-de-chaussée et l’étage inférieur en sous-sol. Un phénomène qui préfigure ce qui pourrait se faire à grande échelle dans le cadre de projets de construction.
Un défi psychologique et architectural
Investir le sous-sol c’est avant tout faire sauter un verrou psychologique. L’imaginaire collectif occidental appréhende quelque peu tout ce qui se trouve sous terre. Un lieu immédiatement associé aux ténèbres, au danger et finalement à la mort. Pour la majorité des parisiens, le sous-sol de la capitale c’est avant tout les égouts et les catacombes ! Un défi d’autant plus grand que les générations actuelles ont été habituées aux performances architecturales ! Les gratte-ciels, toujours de plus en plus haut, ont fortement marqué les esprits et demeurent souvent perçus comme un symbole de réussite. Heureusement l’intérêt toujours grandissant des populations pour les solutions durables permet aujourd’hui d’envisager de passer outre ce blocage psychologique pour peu que les architectes sachent offrir des solutions lumineuses au sens propre comme au sens figuré ! Pour rendre attrayant ces espaces souterrains, ces derniers vont devoir y faire pénétrer la lumière et proposer des artifices crédibles pour supprimer toute sensation d’enfermement. La conquête du sous-sol ne pourra probablement se faire que dans une démarche de développement durable complète et expliquée.
Après s’être étendues horizontalement, puis avoir gagné dans la verticale, les villes et Paris en particulier n’ont plus que la profondeur à exploiter pour trouver les m² nécessaires à leur prospérité. Parce qu’il est toujours plus compliqué et cher de bâtir en sous-sol, les promoteurs ont tout intérêt à se tourner prioritairement vers les surfaces souterraines existantes et en attente de réaffectation. Des opportunités à saisir tant qu’elles sont disponibles.