La Réglementation environnementale 2020 (RE2020) s’inscrit dans l’engagement de la France dans la lutte contre le réchauffement climatique. Depuis le 1er janvier 2022, les projets de construction d’habitations, maisons individuelles ou logements collectifs, doivent répondre à de nouvelles normes plus contraignantes. Le secteur du bâtiment représente plus de 25 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. Destinées à réduire progressivement cette empreinte environnementale, les exigences de la RE2020 s’articulent autour de trois objectifs ambitieux.
Diminuer l’impact carbone de la construction
La phase de construction d’un bâtiment neuf représente entre 60 % et 90 % de son impact carbone total, calculé sur une durée de cycle de vie de 50 ans. Le premier objectif de la RE2020 est d’abaisser cet impact de plus de 30 % d’ici 2030 pour espérer atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Cette transition progressive vers des constructions bas carbone repose sur trois facteurs :
– Un recours privilégié aux matériaux biosourcés (bois, liège, chanvre, paille, lin, laine…) : issus de matières organiques renouvelables d’origine végétale ou animale, ils produisent peu de gaz à effet de serre lors de leur fabrication et captent le CO2 au cours de leur durée de vie au sein de la construction.
– Une mixité des matériaux : les matériaux plus usuels peuvent continuer d’être employés, dans la perspective de progrès technologiques et innovants visant à leur décarbonation croissante (béton et acier « verts », briques et tuiles bas carbone…). L’utilisation des matériaux géosourcés (pierre de taille, terre crue) est également encouragée dans la mesure où ils nécessitent peu d’étapes de transformation et peuvent facilement être réemployés ou recyclés.
– La diversité des modes de construction : les constructeurs restent libres de choisir les techniques employées tout en étant fortement incités à optimiser leurs processus. Ils sont ainsi soumis au respect d’un plafonnement d’émission de CO2. L’évaluation repose sur un indicateur caractérisant l’impact environnemental des produits de construction et des équipements ainsi que leur mise en œuvre lors du chantier.
Réduire la consommation d’énergie des bâtiments
La RE2020 fixe des exigences fortes de sobriété énergétique. La performance de l’isolation des logements est priorisée, quel que soit le mode de chauffage mis en œuvre. Il s’agit cependant de réduire l’ensemble des consommations d’usage de l’habitat ; chauffage, eau chaude sanitaire, éclairage, ventilation, climatisation et appareils mobiliers (électroménager, audiovisuel, informatique). Pour être le moins énergivores possible, les bâtiments neufs doivent proposer des solutions techniques normées en matière d’étanchéité thermique, d’accès à la lumière naturelle, de volume et d’orientation des pièces à vivre…
Dans le but de diminuer durablement l’empreinte carbone, la RE2020 impose aussi la fin de l’utilisation des énergies fossiles dès 2025. En maison individuelle, l’installation de chaudière à gaz est désormais interdite dans les constructions neuves dont les permis de construire ont été déposés après le 1er janvier 2022. L’objectif est de systématiser l’utilisation d’énergies renouvelables pour chauffer les habitations. Plutôt qu’un retour aux convecteurs électriques, la nouvelle réglementation promeut le recours aux solutions thermodynamiques (pompes à chaleur), à la biomasse (chauffage au bois) ou aux réseaux de chaleur décarbonés.
Garantir le confort des logements en cas de fortes chaleurs
Avec la trajectoire prise par le changement climatique, les épisodes caniculaires sont amenés à devenir plus fréquents, plus intenses et plus longs. Le troisième objectif de la RE2020 consiste à adapter la conception des futurs logements afin qu’ils demeurent confortables pour les habitants pendant les périodes de fortes chaleurs. Les températures d’inconfort ont été conventionnellement définies entre 26 °C et 28 °C le jour et 26 °C la nuit.
La RE2020 encourage la mise en œuvre de méthodes de climatisation passive permettant de conserver de façon durable la fraîcheur des bâtiments pendant la période estivale, à faible coût énergétique. Les solutions bioclimatiques ou mécanisées sont multiples :
– orientation, forme et disposition du bâtiment ;
– protection contre le soleil par des végétaux, des brise-soleil, des vitrages traités ou des occultants automatisés (volets, stores…) ;
– ventilation naturelle (puits climatique) ou mécanique (brasseurs d’air) ;
– pompe à chaleur réversible.
Les nouvelles obligations en matière de construction instaurées par la RE2020 entraînent un surcoût du logement estimé entre 5 % et 10 %. L’anticipation par les investisseurs de ces nouvelles contraintes techniques et financières explique le nombre record de permis de construire délivrés au cours du premier trimestre 2022. Il résulte de la quantité exceptionnelle de demandes déposées en décembre 2021, avant l’entrée en vigueur de la réglementation.