Après une quasi-année blanche en 2020, les promoteurs immobiliers auraient pu envisager le pire pour 2021. Même si les résultats du dernier trimestre sont en retrait de 15 à 30 % en moyenne (1), la plupart des grands groupes de promotion immobilière s’en sortent bien. Le marché a plutôt bien résisté à la crise et permet aux professionnels d’être relativement optimistes pour 2021.
Le neuf à la peine, mais pas seulement à cause de la crise
Les grands groupes de promotion immobilière ont publié leurs résultats 2020 en fin d’année dernière et, pour la plupart, l’exercice n’a pas été si mauvais que prévu. La raison ? Le basculement de nombreuses ventes vers des investisseurs institutionnels et notamment des organismes publics d’accession comme CDC Habitat. Chez Altarea, cela représente 60 % des ventes. Le leader du secteur reste Nexity avec 16 % des parts de marché et un chiffre d’affaires de 4,7 milliards d’euros.
Malgré une baisse de 3 % des transactions en volume à la fin septembre 2020, le groupe enregistre une augmentation de 4 % en valeur. Globalement, le promoteur a enregistré 21 000 réservations de logements, soit presque autant qu’en 2019 (1). En revanche, le groupe Eiffage observe en 2020 une baisse plus significative de son chiffre d’affaires annuel avec 18,7 % de moins par rapport à 2019.
Le marché de la construction neuve a été durement touché avec une baisse de 31,8 % des ventes sur le premier semestre 2020. Mais l’activité était déjà fortement freinée avant la crise, notamment du fait des élections municipales. Pierre Bibet, délégué général de la Fédération des promoteurs immobiliers d’Île-de-France estime que le marché de la promotion immobilière recule de 25 % en moyenne lors des années d’élections municipales (2). En 2020, le laps de temps entre les deux tours a encore aggravé le phénomène, jusqu’à provoquer une chute de la production des promoteurs de 54 %.
Par ailleurs, le nombre de permis de construire accordés recule depuis 2017 (-9,6 % entre 2017 et 2019). En 2020, du fait de la crise sanitaire, les autorisations ont baissé de 12,2 % et les mises en chantier de 5,2 %. Ainsi, on a construit 53 700 logements de moins qu’en 2019, et ce sont les collectifs qui sont les plus touchés avec -17 % de baisse (3). La baisse pourrait encore être d’environ 40 000 logements en 2021. Michel Mouillart, professeur d’économie, estime que « La France va construire en 2021 moins de logements qu’en 1951, si on tient compte de l’évolution du nombre de ménages à loger. » (4)
Des promoteurs malgré tout optimistes pour 2021
Cependant, les professionnels observent une belle résilience du marché immobilier dans son ensemble. La pierre est toujours une valeur refuge pour les investisseurs comme pour les particuliers, car il s’agit d’un investissement sécurisé et rentable. Par ailleurs, les conditions d’emprunts restent très favorables à l’achat, avec un taux moyen de 1,05 % sur 15 ans et de 1,25 % sur 20 ans en 2020 (4).
Près d’un quart des acquéreurs choisissent le neuf et la majorité opte pour la maison individuelle (5). Cela laisse présager des perspectives intéressantes pour 2021, surtout si les promoteurs immobiliers tiennent compte des nouvelles attentes des Français. Celles-ci ont légèrement évolué à la suite des confinements successifs :
– La maison individuelle est encore plus recherchée qu’avant (46 % des recherches sur seloger.com après le confinement et 58 % sur logic-immo.fr, alors qu’on avoisinait respectivement 42 % et 56 % avant) ;
– La présence d’un extérieur (jardin, terrasse, balcon) est devenue un critère essentiel pour 26 % des acheteurs potentiels ;
– La généralisation du télétravail a fait augmenter les recherches de logements plus grands (100 m² au moins) permettant d’avoir une pièce pour travailler. (5)
Par ailleurs, le Gouvernement a signé avec plusieurs organisations professionnelles (7) un pacte pour la relance de la construction durable. Cette charte vise à rattraper le retard de la production de logements et limiter la baisse des mises en chantier en 2021. Pour cela, le pacte simplifie les procédures d’urbanisme afin de les accélérer, en passant par la dématérialisation obligatoire au 1er janvier 2022.
Les projets de constructions durables sont aussi favorisés et répondent aux attentes des Français qui souhaitent des aménagements et des logements plus respectueux de l’environnement. Ainsi, des terrains pourront bénéficier de décote dans les zones les plus tendues afin de trouver plus facilement acquéreur. Ces mesures s’ajoutent à celles déjà identifiées par le plan de relance global, notamment les 350 millions d’euros pour l’utilisation du foncier urbanisé et les 300 millions d’euros pour le recyclage des friches et des terrains artificialisés (8).
Enfin, la prolongation du dispositif de défiscalisation introduit par la loi Pinel va permettre de soutenir l’activité de construction dans le neuf pour 2021 et les années suivantes. Le prêt à taux zéro a, lui aussi, été reconduit et devrait aider des primo-accédants à investir.
La promotion immobilière obéit à des cycles longs, rappelle Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers. Même si 2020 a été mauvaise avec moins de 200 000 logements collectifs autorisés, il existe des motifs d’espoir pour cette année. Les professionnels du neuf et les constructeurs comptent beaucoup sur le pacte pour la relance de la construction durable pour rebondir en 2021.
Sources :
https://infos.trouver-un-logement-neuf.com/achat-neuf/actualites/les-promoteurs-face-a-la-crise-8228.html
https://www.batiactu.com/communique/tendances-et-evolution-du-marche-de-l-immobilier-neuf-en-2021-88870.php
https://www.mysweetimmo.com/2020/09/06/crise-sanitaire-et-immobilier-un-plan-de-relance-pour-rien/
https://www.myexpat.fr/coronavirus-immobilier-impact/
Association des maires de France, Assemblée des communautés de France, France Urbaine, Union nationale pour l’habitat, Fédération française du bâtiment, Fédération des promoteurs immobiliers, Pôle habitat FFB, Ordre des architectes et Union nationale des aménageurs.